Esther Giles est née vers 1944. Durant sa jeunesse, son groupe familial se déplace dans le désert, comme il y a des milliers d’années, vivant de la chasse et de la cueillette. Son groupe familial va s’établir à Warburton, où une mission chrétienne s’est installée. Puis elle s’installera dans une communauté très isolée, Patjarr. C’est là qu’elle se familiarise avec la peinture. Dès le départ, sa personnalité calme autant que ses premières productions colorées attirent le regard de marchands. Elle réalise aussi des sculptures ou des paniers en fibre. Suite à des soucis de santé, elle trouve refuge chez un marchand indépendant qui va lui fournir les moyens de s’épanouir artistiquement. Elle y retrouve ses deux sœurs Mrs Bennett (Nyurapayia Nampitjinpa – en fait une demi sœur ou une sœur clanique) et Tjawina Porter Nampitjinpa.
Là les trois « sœurs » vont produire des œuvres majeures dans des conditions de vie décentes. Elles peuvent se concentrer sur leur travail et uniquement ça. Rarement les diagrammes anciens, traditionnels ont trouvé à s’exprimer sur des supports modernes avec une telle force et une telle beauté. Pas d’esbroufe chez ses femmes, la gamme chromatique réduite généralement à sa plus simple expression contraint à trouver la force dans le motif seul, dans la composition. Et les sœurs excellent en la matière. On est ici au sommet de l’art aborigène, car sont réunis la force des motifs millénaires, des récits des temps immémoriaux, et la puissance du médium moderne et de ses possibilités.