La quatrième édition de Pont-Aven en lumière est lancée. Il s'agit d'une mise en lumière de bâtiments, de la promenade Xavier Grall pour les fêtes.
Sotheby's présente quelques pièces exceptionnelles dans une vente aux enchères à New York. Peu de lot, 33 au total, mais des pièces de grande qualité. Et des noms dont les fidèles de la galerie ont l'habitude, Kathleen Petyarre, Ronie Tjampitjinpa, Dorothy napangardi, Emily Kame Kngwarreye, Warlimpirrnga Tjapaltjarri, Wentja Morgan Napaltjarri. https://www.sothebys.com/en/buy/auction/2019/aboriginal-art
Les signes d’un marché en plein essor sont là : expositions institutionnelles et commerciales, collectionneurs privés de plus en plus nombreux, visibilités sur les foires et salons d’art et ventes aux enchères. Sotheby's a déjà annoncé que deux œuvres d'Emily Kame Kngwarreye seraient proposées en décembre: Summer Celebration (1991, estimé entre 300 000 et 500 000 dollars) et Untitled (1990, estimé entre 250 000 et 350 000 dollars) ou entre 350 000 $ et 450 000 $, le Kartakuurmangu Jukurrpa de Dorothy Napangarti (2001). Rappelons qu’Emily Kame Kngwarreye, décédée en 1996, a réalisé plus de 3 000 œuvres, soit une moyenne par jour car elle a eu une carrière relativement courte. En 2007, son tableau Earth’s Creation I (1994) s’est vendu pour 1 056 000 dollars australiens (environ 868 000 dollars US), ce qui en fait l’œuvre d'art la plus chère jamais vendue par une artiste australienne. En 2017, ce prix avait doublé lors de sa réapparition aux enchères à Sydney, atteignant 2,1 millions de dollars australiens (1,6 million de dollars mais cette vente demande à être confirmée). Le record appartient toujours à Clifford Possum Tjapaltjarri, dont le tableau Warlugulong (1977), s’est vendu pour 2,4 millions de dollars australiens (2,1 millions de dollars US) en 2007. De grandes institutions internationales, y compris la Tate Modern, consacrent désormais davantage de ressources à leurs collections d'œuvres d'art aborigènes (acquisition notamment d’une très belle composition de Richard Bell en 2017). Le Musée d'art de Zug en Suisse présente une très belle exposition d’art aborigène centrée sur une collection privée. On trouve quelques-unes des grandes personnalités ayant forgé ce mouvement. Plusieurs pièces d’Emily Kame Kngwarreye mais aussi de Kathleen et Gloria Petyarre, Minnie Pwerle, Ronnie Tjampitjinpa, Polly Ngale, Lorna Ward Napanangka, Thomas Tjapaltjarri, Mitjili Napurrula et son mari Long Tom Tjapanangka. (Kunsthaus de Zoug du 29 septembre 2019 au 12 janvier 2020). Avec les deux fondations présentant l’art aborigène, notre belle exposition commerciale annuelle, l’exposition passée au Musée d’Art Ethnologique de Genéve, la Suisse montre son intérêt. Cependant cet intérêt semble croître un peu partout dans le monde. Ces jours ci des clients de retour des USA évoquaient l’exposition au SAM (Seattle Art Museum) consacrée à Dorothy Napangardi. Walkabout: The Art of Dorothy Napangardi May 5 2018 – Mar 7 2021 au Seattle Art Museum « La marche devient un rythme qui s’adapte à chaque paysage traversé. Traduire ce rythme en peinture est devenu un objectif pour une artiste qui a parcouru des centaines de kilomètres à travers son pays natal. Dorothy Napangardi est née dans le désert de Tanami en Australie, où une région cristalline de lacs de sel a joué un rôle déterminant dans sa vie. Elle a parlé du bonheur inconditionnel et de la liberté qu’elle a ressentie lorsqu’elle a traversé le pays de sa famille et a dormi à côté de ses proches avec des étoiles en forme de dais. Une sélection de ses peintures s’échelonnant de 2000 à 2013 nous emmène au lac salé étincelant, où elle a assimilé les lois et les histoires indigènes de la terre et de sa famille. Son style individuel de pointillé complexe peut suggérer une vaste perspective aérienne ou un labyrinthe microscopique. » Le Musée compte déjà dans ses collections permanentes quelques très belles pièces parmi lesquelles se distinguent notamment une magnifique peinture d’Emily Kame Kngwarreye (Wild Yam Dreaming), un grand format de Gloria Petyarre, une toile d’Abie Loy Kemarre ou encore une œuvre de Rosie Flemming Nangala ou encore une série d’œuvres d’artistes Tiwi. Dorothy Napangardi est l’un des grandes figures de ce mouvement. Après être entrée dans les collections du MET (Metropolitan Museum of New York), sa renommée ne cesse donc de croître. Il nous reste quelques toiles de Dorothy disponibles. ___________________ Désormais les regards sont tournés vers la prochaine vente Sotheby’s (13 décembre) à New York. Cette vente fait suite à l’événement au printemps dernier chez celui qui est peut-être le plus important marchand d’art contemporain. Il s’agissait d’une exposition non commerciale centrée sur la collection d'art aborigène Kluge-Ruhe de l'Université de Virginie et la collection de l’acteur Steve Martin et d’Anne Stringfield. Par ailleurs l'acteur Steve Martin est en pourparlers avec un musée encore non nommé sur le montage d'une exposition de sa collection d'art aborigène. Plusieurs autres expositions basées sur des collections privées américaines ont en tourné depuis quelques années permettant à un large public de découvrir ou d’approfondir ses connaissances, et peut-être de changer les regards (Dennis Scholl - autrefois collectionneur d'art contemporain bien connu de Gagosian, a ensuite consacré une décennie à l’art aborigène. Les Scholl ont partagé leurs travaux avec le public dans le cadre de trois grandes expositions - «No Boundaries», «Marking the Infinite» et «The Inside World» - qui tournent en Amérique du Nord depuis 2015. Ils ont fait don de 200 œuvres aborigènes au Frost Art Museum (90 œuvres), au Metropolitan Museum of Art(19) et au Nevada Museum of Art). Les choses bougent aussi en Australie. Plusieurs articles dans la presse se sont fait l’écho de la façon dont certains marchands exploitent les artistes et il semblerait que cela pourrait aboutir à des changements positifs. Avec la disparition de grandes figures le marché semble se restructurer doucement. L’Australie, l’Europe, les USA et bientôt l’Asie (avec une exposition d’envergure qui voyagera en Chine et Singapour) : tout semble en ordre de marche pour faire briller la peinture aborigène et lui donner toute l’importance qu’elle mérite. ___ Evoquons encore trois expositions, l’une à Paris, à l’Ambassade d’Australie à Paris (4 octobre 2019 - 10 janvier 2020 - Ambassade d'Australie - 4, rue Jean Rey - 75015 Paris). Une autre se tient à Houston, du 13 septembre 2019 au 2 février 2020 et reprends la première exposition montée par la Fondation Opale (Lens, Suisse). La troisième se déroule dans la seule institution américaine consacrée uniquement à l’art aborigène, la fondation Kluge-Ruhe, Charlottesville (« Ngayulu Nguraku Ninti | Le pays que je connais » - 19 septembre 2019 au 2 février 2020). Elle sera centrée sur les artistes du Sud du Désert Centrale (en fait le nord de l’Australie Méridionale, les Terres APY).
Revenons sur le grand prix réservé aux artistes aborigènes le Testra Award. Cette année la sélection se concentrait sur les artistes des terres APY et de Terre d'Arnhem. Le grand prix (Telstra Art Award) revenait à Djambawa MARAWILI pour une écorce d'un très grand format (« Journey to America 2018 « - 110 x 276 cm - beaucoup d'œuvres sélectionnées étaient d'une belle taille) Le prix de la meilleure peinture (Telstra General Painting Award) revenait à Kaylene WHISKEY, d'Australie Méridionale, qui avait réalisée son œuvre sur un panneau indicateur (75 x 270 cm), Seven Sistas 2018, reprenait une thématique traditionnelle, le Rêve des Sept Sœurs mettant en scène sept Ancêtres Femmes poursuivies par un Homme. Mais l'artiste remplaçait avec audace les Sept Sœurs par des icônes du monde féminin de l'Occident : Tina Turner, Cher, Whoopi Goldberg, Dolly Parton, Dorothy au pays d'Oz, Catwoman et Wonder Woman ! C'est ce que nous répétons depuis des années. L'art aborigène n'est pas uniquement la reproduction de schémas anciens. Il est capable de se renouveler. Malaluba Marika, de la région orientale de Terre d'Arnhem, remportait le prix pour la sculpture (Memorial 3D Award) pour un poteau funéraire. Telstra Works on Paper Award Nyaparu (William) GARDINER gagnait le prix pour l'oeuvre sur papier (malheureusement cette artiste du Kimberley est décédée). Our Old People - 2018, une peinture de près de 300 cm décrivait de façon figurative sa communautés et ses proches. Telstra Bark Painting Award Le vainqueur dans la catégorie des écorces peintes revenait à Nongirrna MARAWILI, toujours une artiste de Terre d'Arnhem, (Lightning strikes 2018 – 66 x 107 cm ) : elle était peinte avec des pigments naturels et des encres pour imprimantes ! Telstra Emerging Artist Award Un prix est décerné chaque année à un artiste en devenir. Cette année nous venons de le voir, le jury a mis l'accent sur les innovations et les artistes capables de transcender la tradition. Cette catégorie n'échappait pas à cette règle est salué Titus NGANJMIRRA, de la Terre d'Arnhem Occidentale, avec son œuvre sur papier Queen Elizabeth - 2019 (acrylique sur papier - 60 x 40 cm). Cette œuvre mêle avec malice des éléments historiques associés à la colonisation et à la culture aborigène.