Millon organise sa nouvelle vente aux enchères d'art aborigène. Elle se déroulera salle VV, quartier Drouot, 3 rue Rossini, 75009 Paris. Exposition publique : vendredi 2 octobre de10h30 à 18h30 samedi 3 octobre de10h30 à 15h00 vente samedi 3 octobre2020 à 16h30. plus d'informations sur www.millon.com
Le National Aboriginal & Torres Strait Islander Art Awards (parfois nommé sous son nom du Testra Art Award) est un prix prestigieux décerné chaque année aux artistes aborigènes. Le gagnant du grand prix reçoit 50 000 dollars (gain net, cela n'incluant pas l'acquisition éventuelle par le Museum and Art Galleries of the Northern Territory qui organise chaque année ce prix). En 25 ans, de nombreux grands artistes ont été salués, reconnaissant une carrière naissante ou un talent déjà bien installé. Le Grand Prix revient donc à Ngarralja Tommy May, 85 ans, pour sa troisième sélection à ce prix. Tommy May, du groupe linguistiqueeWangkajunga / Walmajarri vient du sud du Kimberley. Il est originaire du Great Sandy Desert. Il est l'un des derniers de son groupe à quitter la vie traditionnelle pour travailler dans les fermes d'élevage autour de Fitzroy Crossing. Il peint, danse et chante Kurtal, une cérémonie relative à un site sacré important, un point d'eau. Connu pour des toiles très colorées, assez peu travaillée, il abandonne partiellement ce style suite à la découverte de nouvelles techniques lors d'un atelier mené par un artiste de Melbourne. Il découvre de nouveaux médiums et la gravure dans laquelle il se lance frénétiquement. «Je travaille tous les jours". Cela donne des compositions constituées de rayures parcourant tout le support. Il évoque ainsi toujours son pays avec ses étendues de sable, de roches et la pluie qui tombe. Plus particulièrement, l'œuvre recomposée décrit le site de «Wirrkanja», « c’est le pays où j’ai perdu mon frère », un endroit environné de dunes de sable mais où se trouve un point d'eau. Lors des pluies, l'eau vient ruisseler le long des dunes. L'artiste est très impliqué dans les instances artistiques du Kimberley ; Une gravure a l'aspect très moderne qui montre de façon magistrale comment certains artistes peuvent faire évoluer leur style et également bousculer les frontière entre un art parfois considéré comme traditionnel, tribal et ce que l'on peut qualifier d'art contemporain. Le prix pour l'ouvre sur papier met en avant Iluwanti Ken, une doyenne de la communauté d'Amata qui a travaillé à l'encre sur un format de 1,5 x 2,5 mètres, beaucoup plus grand que ce qu'elle avait tenté auparavant. «Walawulu ngunytju kukaku ananyi (Mères Aigles partant à la chasse)» montre trois oiseaux dans le ciel au-dessus de jets d'encre à l'aspect expressionniste symbolisant la région dont l'artiste est la gardienne. «Son ampleur est tellement impressionnante», s’est étonné le juge Williamson. «Et l'énergie de sa narration. Une vraie avancée pour elle ». «J'enseigne simplement aux enfants pour qu'ils puissent prendre le relais», a déclaré Ken à la presse. Une œuvre puissante mais on peut regretter les toiles à l'acrylique de la même artiste qui sont riches en couleur et d'une grande gaité là où l'encre apporte une certaine mélancolie. Néanmoins, on constate une fois de plus que l'élan reste fort chez les artistes âgés et comme pour Tommy May, lorsqu'on enseigne de nouvelles techniques aux aborigènes s'ouvrent de nouveaux horizons. C'est un exemple que devrait suivre plusieurs centres d'art. Le prix décerné à la peinture va à un artiste handicapé, Adrian Jangala Robertson, qui travaille pour un centre d'art spécialisé que nous avons visité l'année dernière. Il s'agit d'une œuvre figurative, un paysage peint dans un camaïeu de rouge brun...un choix jugé audacieux par le conservateur du musée de Darwin. Certes, car visuellement très décevante à nos yeux. Sienne Mayutu Wurmarri Stubbs est une jeune fille de 18 ans remporte le prix de l'oeuvre multi-média pour un film tourné dans un train Shinkansen au Japon ! Comme je dis souvent une œuvre peut être qualifiée d'aborigène si elle est réalisée par un aborigène même si le médium ou le thème peuvent déconcerter. D'ailleurs, comme l'année dernière, une œuvre qui interroge le lien entre le passé et le présent et l'histoire de l'Australie, qu'on pourrait donc qualifier de « politique » salue Jenna Lee (prix de l'ouvre 3D) qui part d'un questionnement sur les commémorations autour de James Cook., découvreur d'une partie de la côte sud. En ce qui concerne le prix pour la peinture sur écorce, le jury a choisi Marrnyula Mununggurr pour l'œuvre «Muguymirri». Le titre signifie `` petites pièces '' - suggérant une simple description de l'apparence de l'œuvre, des petits carrés et des rectangles de couleur délicate. «je change de travail, c'est la même histoire d'eau douce». L'artiste étant connue pour ses installations de nombreuses de toutes petites peintures sur écorce, des centaines. On revient donc aux suggestions antérieurs, on voit à travers cette sélection comment on peut rester fidèle à la tradition tout en réinventant la forme et en la faisant coller à l'histoire récente et aux idées du moment. La peinture nous semble moins puissante que d'autres mais néanmoins elle souligne cette évolution nécessaire. Pour terminer, un prix est décerné à l'artiste « émergeant », un jeune artiste. Cecilia Umbagai a opté pour un thème très traditionnel et emblématique du Kimberley, les esprits « Wandjina ». Il faut avouer que la production actuelle autour de ce thème a perdu considérablement en puissance mais cette artiste de 23 ans est parvenue à insuffler de la force à sa peinture sur écorce. Même si personnellement j'aurais peut-être fait d'autres choix, pour conclure on peut être rassuré quant à la vivacité de l'art aborigène et sa diversité. Si dans certaines zones il semble s'essouffler, cela ne dure pas en général et d'autres communautés prennent le relais.
La galerie ouvrira ses portes le 11 mai après cette période confinement. Vous pouvez aussi consulter notre chaîne youtube où vous verrez l'accrochage: https://www.youtube.com/watch?v=6jXCpD-FYiI si vous voulez recevoir des photos des toiles disponibles, n'hésitez pas à nous contacter.
Vente aux enchères d'art aborigène sur Paris le samedi 7 mars 2020, salle VV. informations sur le site de l'étude MILLON (millon.com)