Jeudi 8 février à 21h00 France O (canal 19) présentait une émission d'une heure sur les Aborigènes. Elle se concentrait sur un ancien qui cherchait à transmettre ses connaissances avant de quitter ce monde. Mais les jeunes se détournent de la tradition... à voir en replay.

l'étude Millon organise sa nouvelle vente aux enchères de peintures aborigènes. Elle se déroulera à Paris le samedi 2 février 2019 à 16h30. Les œuvres seront visibles vendredi 1er de 10h30 à 18h30 et le samedi 2 de 10h30 à 15h00; salle SVV, 3 rue Rossini, 75009 Paris. Vous trouverez plus d'information sur le site de Millon.

La nouvelle était attendue mais c’est toujours un triste moment d’annoncer le départ d’un artiste. Kathleen Petyarre (née vers 1938 ou 1940), l’une des artistes qui a le plus contribué à la renommée de l’art aborigène est décédée le 28 novembre. Il y a 2 ans, après le Musée du Quai Branly ou le British Museum, le Metropolitan Museum de New York avait à son tour acquis des œuvres de Kathleen. Depuis plusieurs années elle était en maison de retraite. Nous lui avions commandé un grand nombre de peintures durant les dernières années de sa carrière. Nous pourrons ainsi continuer à exposer ses œuvres.

Décembre et Janvier sont les mois de vacances d’été en Australie. Les maisons de ventes aux enchères australiennes préparaient ainsi des importantes vacations avant une pause. Le meilleur score était obtenu par Emily Kame avec un très grand format poussé à près de 190 000 euros. Deux autres toiles, nettement plus petites et moins intéressantes, de la même artiste partaient à 8 500 et 3 780 euros. Les femmes de la même famille, également très célèbres, comme Minnie Pwerle ou Abie Loy et Kathleen Petyarre auraient dû faire mieux (respectivement 3 500 € et 5 200 € et pour kathleen 10 700 €). Chez les précurseurs une toile tardive de Clifford Possum Tjapaltjarri faisait 10 000 €. Mais pour des toiles plus anciennes du même groupe, son frère, Tim Leura, frôlait une fois les 6 000 € (1975, un petit format de qualité moyenne) mais les 60 000 € avec une composition complexe mettant en scène un danseur avec ses peintures corporelles encadré par des objets sacrés. Un exemple de ce que les artistes aborigènes peuvent produire de mieux. Kaapa Mbitjana, avec une œuvre de la première année du mouvement pictural montait à 7 560 €. Une autre petite toile, de meilleure tenue, attribuée à Uta Uta Tjangala, peinte quelques mois plus tard (en 1972) réalisait un peu plus de 30 000 €. Un petit panneau de 1975, par Old Tutuma trouvait preneur à 5 400 €. Un autre créateurs du mouvement, Timmy Payungka était présent avec une toile du milieu des années 1980 : classique dans sa composition mais avec du caractère, elle s’affichait à 14 000 €. Toutefois, si nous voulions être précis, le mouvement pictural a commencé avant les événements de Papunya en 1971. Le premier aborigène à avoir obtenu la citoyenneté australienne était un peintre : Albert Namatjira. 4 de ses aquarelles étaient vendues : la moins chère, peu travaillée et assez fade faisait 4 600 € mais une autre était poussée jusqu’à 20 000 €. Chez les artistes présentés régulièrement à la galerie, on notera Judy watson avec 5 400 €, Ronnie Tjampitjinpa frolait les 14 000 €, Naata Nampitjinpa à 6 300 €, Makinti à 6 000 €. Quant à George Tjungurrayi, avec une estimation ridiculement basse, il voyait son grand format, avec de beaux effets cinétiques très dynamiques, partir au-delà, à 12 600 €. Les artistes célèbres du Kimberley sont moins nombreux mais les œuvres sont souvent âprement disputées. À 20 000 € un Rover Thomas de bonne tenue était un bon achat. Mais la qualité des toiles de Paddy Bedford est sans égal : à 32 000 € le plus grand, plus de 18 000 € pour un format moyen (80 x 100 cm) et près de 7 000 pour une gouache sur papier (51 x 76 cm aux couleurs moins séduisantes) : il reste l’une des valeurs sûres de l’art aborigène. On aurait pu attendre plus de Queenie McKenzie, qui pour un grand format 120 x 150 cm, obtenait un petit 5 400 €. Un intéressant David Downs montrant des initiés dansant montait à 15 000 € alors que la toile de Butcher Cherel réussissait à partir à 3 000 €. Du côté de Balgo, on peut s’étonner du prix d’un très beau et solaire Eubena Nampitjin (80 x 120 cm) : à 3 000 € c’était une aubaine. De son côté Christine Yukenbarri à plus de 6 000 € montre que la nouvelle génération est capable du meilleur. Peu d’écorces de Terre d’Arnhem étaient présentées. 23 000 € saluait John Mawurndjul, qui a été l’un des chefs de file du renouveau dans cette région septentrionale. Gulumbu Yunupingu, au style également moderne et au rendu abstrait obtenait un 5 300 €. Dans le Sud Est de la Terre d’Arnhem une petite communauté avait vu éclore quelques talents il y a 20 ans. Le plus important d’entre eux, Ginger Riley montait à 23 000 € dans une composition classique, dominé par un ciel bleu où se démarque le Python Arc en Ciel tel un dragon émergeant du sol. Une toile plus champêtre de Gertie Huddleston affichait un raisonnable 3 400 €. Ces ventes montraient aussi un bel ensemble de peintures des artistes « urbains ». Si ce genre est peu montré en Europe certains artistes sont néanmoins très cotés. Ainsi Gordon Bennett réalisait un beau 12 300 € (68 x 92 cm), Robert Campbell Junior 13 800 € (91 x 120 cm), Harry Wedge 2 300 € et Trevor Nicholls dont nous avions montré une très belle pièce cet été (à moins de 3 000 €) était poussé jusqu’à 9 450 €. On notera encore en vrac les 6 000 € pour un Bill Wishkey ou 2 900 € pour les fameux Bush Banana d’Eunice Napangardi ou un Sali Gabori haut en couleurs.