nouvelle exposition à la galerie

nouvelle exposition à la galerie

La galerie organise une nouvelle exposition à Pont-Aven autour d'un seul artiste: Michael Nelson Jagamarra. Une sélection de 60 peintures dont la très grande majorité date de la fin des années 1980 et du début des années 1990. Michael est né à Pikilyi, à l’ouest de Yuendumu, sans doute entre le milieu et la fin des années 1940 – 1946 et 1949 étant les dates données habituellement. Il a grandi «?dans le bush, sans vêtements?», voyant les hommes blancs pour la première fois à la Mount Doreen station, une ferme d’élevage près de la communauté de Yuendumu. Sa famille s’est déplacée ensuite vers Haasts Bluff, où l’on distribuait alors des rations alimentaires. Mais elle n’y reste qu’un moment. Puis, Michael fréquente l’école de la mission de Yuendumu jusqu’à l’âge de treize ans. C’est son père qui le pousse à apprendre le langage des Blancs pour connaître les intentions de ces étrangers?! Ce qui explique le très bon niveau d’anglais de Michael, aujourd’hui, proportionnellement aux Aborigènes de sa génération. Après son initiation, il s’engage comme conducteur de troupeau. Son père, un important guérisseur de la communauté de Yuendumu, meurt en 1976. Michael Jagamara Nelson est un artiste qui aime les défis peut-on lire. Son premier tableau date de la fin de l’année 1979 lorsque son oncle Jack Wayuta Tjupurrula lui dit de «?tenter le coup?» et de peindre le Rêve des Fourmis Volantes sur un grand format que le centre d’art vient de lui confier. En tant que gardien principal de ce rêve, Old Jack avait parfaitement le droit, en vertu de la loi Warlpiri, d’ordonner à son neveu de le peindre pour lui – et aussi de revendiquer la propriété du tableau fini, c’est-à-dire de toucher l’argent de la vente et d’être crédité comme l’auteur. On a mis des années pour savoir que la toile était de la main de Michael?! Pendant des années, il observe les anciens, les précurseurs de ce mouvement, aidant parfois son oncle à terminer une toile et occupant un emploi au Conseil de Papunya. Puis, en 1983, il se lance dans la peinture pour lui-même. Un an plus tard seulement, c’est la consécration. Michael, comme Clifford Possum et son frère Tim Leura, vers la fin des années 1970, se risque à combiner de nombreux mythes et effets visuels sur une même toile. Le résultat est à l’opposé des toiles austères des artistes pintupis qui ont marqué le mouvement pictural depuis sa création en 1971. Quand on ajoute à sa dextérité, sa recherche perpétuelle d’effets visuels originaux (il cherche à évoquer les effets naturels, comme la pluie, les tempêtes), on comprend alors la rapidité de son succès. Les années 1980 sont des années fécondes pour lui. En 1984, il reçoit le prestigieux prix artistique du National Aboriginal Art Award (Telstra Award, aujourd’hui) pour sa peinture intutilée «?Three Dreamings?». C’est son premier prix, le plus important, mais d’autres se succéderont les années suivantes. Michael a expliqué plus tard que cette très belle peinture avait été réalisée sous des buissons, près de vieilles cahutes. Qu’il s’était concentré, peignant tranquillement. Il était alors parfaitement conscient que cette première reconnaissance allait lui permettre de mieux gagner sa vie et que son art était amené à évoluer car sa connaissance des couleurs s’était approfondie, de même que sa technique et sa maîtrise des cadrages. En 1987, l’une de ses peintures monumentales (8,2?m – «?Possum Dreaming?») est achetée par l’Opéra de Sydney. En 1988, il assiste, en présence de la Reine, à l’inauguration du nouveau Parlement qui fait face à une immense mosaïque dont il a dessiné les plans (près de 200 mètres carrés sur le thème du Rêve d’Opossum et du Rêve du Wallaby). D’autres peintres plus célèbres à l’époque (Michael, au moment où l’idée est lancée est un jeune artiste) ont également soumis un projet et sont surpris, pour la plupart, de voir triompher un artiste alors quasi inconnu. Bien que Michael peigne souvent, à cette époque, des compositions complexes, mixant différents thèmes, il opte pour ce défi d’un motif assez sobre mais symboliquement très fort. Le cercle central capte littéralement le regard, il est le point de convergence d’itinéraires d’Ancêtres. Michael est un homme d’une rare finesse d’esprit. Il a une compréhension parfaite de la vision du monde des Aborigènes, mais aussi des Occidentaux. Ainsi, sa toile, représentant un site de rassemblement – à la fois des Ancêtres et des initiés – qui est aussi, tout simplement, un site de campement, symbolise parfaitement l’idée du nouveau Parlement. Une controverse naît la même année. Un activiste aborigène, Gilbert, prétend que cette mosaïque est une malédiction sur l’Australie blanche et qu’elle durera jusqu’à ce que justice soit faite aux Aborigènes. Michael, quant à lui, insiste pourtant sur le fait qu’il s’agit bien d’un site de rencontre «?pour les Blancs comme pour les Noirs?» et a été blessé par l’intervention de Gilbert. Néanmoins, cette polémique a aussi permis de communiquer sur le sens profond des motifs de cette mosaïque qui représente alors un symbole fort pour de nombreux Australiens. À la fin de l’année 1993, ce site devient un lieu de manifestations à propos de la législation sur les Aborigènes. Michael, lui, s’y rendra, y manisfestera à son tour, viendra même briser le centre de la mosaïque, signe fort de sa désapprobation des politiques vis-à-vis des Aborigènes. Devenu malgré lui un symbole, tout comme sa mosaïque, il regrette toutefois de s’être ainsi fait prendre dans une spirale médiatique. Il en conclut alors qu’il doit se concentrer sur son art. En 1989, il reçoit une nouvelle commande. BMW lui demande de peindre un de ses modèles. Il rejoint ainsi des artistes comme Robert Rauschenberg, Alexander Calder et Andy Warhol à qui la célèbre marque de voiture avait fait la même demande. Son œuvre «?Five Stories 85?» est l’une des toiles australiennes les plus connues et le plus souvent reproduites dans les années 1980. Il participe à de nombreuses expositions prestigieuses en Australie et aux USA et en 1993, il reçoit la Médaille Australienne pour services rendus à l’art aborigène. En 1997, les femmes pintupis de Kintore ou de Kiwirrkurra peignent depuis un an et apportent un nouvel élan à la peinture aborigène. Les hommes ne sont pas en reste. Une poignée d’entre eux – dont Mick Namarari, Turkey Tolson, Ronnie Tjampitjinpa, George Tjungurrayi – influence les autres artistes en développant un style plus sobre, très linéaire, mettant en avant les effets optiques. Dans l’autre partie du désert, à Utopia, l’artiste Emily Kame Kngwarreye vient de disparaître. Mais en quelques années, son audace stylistique et la puissance de sa peinture ont redistribué les cartes, bousculé le marché. Dans le Kimberley, «?l’école?» de Turkey Creek, avec à sa tête Rover Thomas, montre le dynamisme des artistes certes autodidactes mais très créatifs. Les amateurs cherchent davantage des compositions d’aspect moderne. C’est une période de remise en cause pour Michael, dont le style peut paraître l’incarnation même de la tradition. Mais il ne faut jamais perdre de vue sa personnalité complexe, son envie de défi. Des événements vont permettre à Michael de s’engager dans de nouvelles voies et de se propulser, une fois encore, sur le devant de la scène artistique australienne. Une galerie du Queensland organise une exposition personnelle autour de Michael. Un collectionneur commande alors une œuvre monumentale de deux mètres sur trois. Le style lui importe peu mais il ne veut pas du pointillisme classique. Le marchand du Queensland a l’occasion de discuter avec Michael à propos de cette commande. L’idée lui vient alors d’agrandir exagérément les motifs traditionnels, de ne pas freiner son envie de couleurs et de terminer en projetant la peinture autour à la façon du dripping de Jackson Pollock. C’est également l’influence d’autres artistes exposés par ce marchand qui est à l’origine de ce style via la découverte de nouvelles techniques. Pour d’autres, mais c’est moins probable, ce nouveau style émerge à la suite d’une commande de gravures, de petits formats, sur papier, réalisées à partir d’une matrice en lino. Ne pouvant utiliser des points et des motifs fins, il laisse apparaître seulement un symbole, parfois deux. De retour sur la toile, il expérimente la même façon de travailler, agrandissant les motifs et projetant la peinture par giclures en oubliant totalement les points et les différentes techniques qui étaient à l’origine même de son succès. Les collectionneurs s’arrachent alors ces nouvelles œuvres. Et quoi qu’il en soit, en incarnant parfaitement le rôle de l’initié accompli qu’il est, Michael reste ainsi fidèle aux motifs ancestraux. Même le format gigantesque de ces motifs peut faire écho à ceux «?peints?» ou déposés sur le sol lors des cérémonies. Mais Michael décide de mettre progressivement un frein à sa carrière pour se concentrer sur la vie communautaire à Papunya. C’est qu’il n’est pas seulement un peintre. C’est une personnalité charismatique et un homme ayant le sens des responsabilités. Michael vient d’une lignée de grands initiés et, très tôt, il est lui-même reconnu comme tel et est hautement respecté pour son savoir immense. Il est d’ailleurs sollicité pour se rendre aux USA avec Billy Stockman, lui aussi un grand initié, afin d’y réaliser, devant le public, des peintures «?sur sable?», éphémères. À son retour, Michael reçoit des critiques de la part de membres de sa communauté?: il en aurait trop montré, il aurait dévoilé trop de secrets. Certains motifs doivent rester secrets. Mais Michael, fort de son aura et de ses connaissances très profondes, saura se défendre et l’histoire est oubliée. En 2008, pour le remercier de son apport à l’art et de divulguer sa culture, il est fait «?Honorary Doctorate?» par l’université de Nouvelle-Galles du sud de Sydney. Enfin, en novembre?2016, chez Sotheby’s à Londres, il vend une œuvre 465?000?€, pulvérisant le record pour une toile aborigène réalisée par un artiste toujours en vie. En 2017, c’est le retour aux sources. Le Parlement lui consacre une exposition en collaboration avec un autre artiste, Imants Tillers. Les deux peintres produisent chacun des peintures et travaillent ensemble sur quelques toiles. Le docteur Johnson lui consacre alors un magnifique ouvrage, l’une des premières monographies dédiées à un peintre aborigènes (le livre est publié en 1997). Ses œuvres figurent dans de nombreuses collections privées et publiques prestigieuses, dont?: Parliament House National Gallery of Australia Holmes à Court Hank Ebes Collection Australian Museum Queensland Art Gallery Art Gallery of Western Australia Museum and Art Gallery of the Northern Territory South Australian Museum Art Gallery of South Australia Broken Hill Regional Art Gallery Araluen Arts Centre Art Gallery of New South Wales Queensland Art Gallery, Brisbane Art Gallery of Western Australia, Perth Australian Museum, Sydney Brisbane City Gallery Centre Culturel Tjibaou, Nouvelle-Calédonie Ho-Am Art Museum, Korea National Gallery of Australia National Gallery of Victoria, Melbourne Rockhampton Art Gallery University of Queensland Art Museum Vizard Foundation Collection Kluge-Ruhe Collection, University of Virginia, (USA) Powerhouse Museum, Sydney The Kelton Foundation, (USA) Rockhampton Art Gallery, Queensland BMW Art Car Project, (USA) Opéra de Sydney Sammlung Essl, Austria Prix et récompenses?: 1984 Winner 1st National Aboriginal Art Award Museum and Art Gallery of the Northern Territory Darwin 1993 Australian Medal for Services to Aboriginal Art 1993 Fellowship Visual Arts/Craft Board of the Australia Council Sydney 2002 Winner Conrad Jupiters Art Prize Gold Coast City Art Gallery 2006 Winner Tattersall’s Club Landscape Art Prize Brisbane 2007 Redlands Westpac Art Prize, Sydney 2008 Honorary Doctorate University of New South Wales, Sydney

exposition à NIORT

exposition à NIORT

le 28 avril ouvre le nouvel atelier GRAFIC ENCADREMENT avec un espace exposition où vous retrouverez une sélection d’œuvres aborigènes. L'atelier est situé au 13 place du Temple à Niort. vous pouvez les joindre au 05.49.28.40.50

résulats d'une vente chez sotheby's

résulats d'une vente chez sotheby's

Voilà quelques semaines que nous attendions la vente d’art aborigène chez Sotheby’s. Le plus souvent les pièces y sont d’une très grande qualité, toujours d’une provenance impeccable, …et les prix obtenus élevés. La vente démarrait avec un ensemble d’objets et de sculptures. Ainsi un boomerang tueur du milieu du XIX, pas très beau, dépassait tout de même les 14 000 €. Le lot précédent dépassait les 10 000 €, il s’agissait d’un club, très élégant, de la même période. Les boucliers étaient poussés beaucoup plus haut. L’un d’eux, venant des bords de la Murray River, faisait 82 000 € et un autre, coloré, du Queensland, 42 500 €. La plupart des résultats pour les autres objets de ce type se situent entre 3 000 et 15 000 €. Les sculptures anciennes suscitent toujours un bel engouement. 100 000 € saluait une sculpture du détroit de Torres (fin XIX – 65 cm). Pour ce qui est de l’art tiwi, des petites îles au nord de Darwin, deux sculptures de 1955 réalisaient 25 500 € (75 cm) et 20 000 € (48cm) alors qu’un très beau couple de la même région ne trouvait pas preneur (il est a souligné que peu de lots sont restés invendus). Passons aux peintures sur écorce. Pour la Terre d’Arnhem, une illustration classique d’un poisson d’en le style rayons X, un barramundi, partait à 4 500 € (vers 1950, 38 x 59 cm) et une autre, vers 1965, 21 x 81 cm, à 3 750 €. Une belle écorce tiwi, sur un fond blanc lumineux, dépassait les 48 000 €. Le prix le plus élevé allait logiquement à une puissante évocation d’un esprit Wandjina - venant du Nord du Kimberley - par Alec Mingelmanganu (plus de 70 000 € - 63 x 129 cm – 1976). Les peintures sur toile formaient une large partie de cette vacation. Pour rester dans le Kimberley avec « l’école » de Turkey Creek, une toile de Rover Thomas de belle facture frôlait les 57 000 €. Deux très beaux Paddy Bedford étaient proposés mais seul le plus petit partait (80 x 100 cm, 57 000 €). Le plus grand était estimé autour de 150 000 €, un prix logique mais qui pouvait faire reculer des acheteurs européens peu habitués à ces prix. Billy Thomas est un artiste particulier. Guérisseur, il se déplaçait beaucoup et peignait avec des toiles colorées (avec des rouges puissants) lorsqu’il était à Balgo et des toiles avec des pigments naturels et donc une gamme chromatique limitée lorsqu’il était sur les plateaux du Kimberley Oriental. La sélection d’œuvres proposées venait uniquement de cette seconde source. IL fallait compter entre 15 000 et 25 000 € pour chaque. Toujours dans le Kimberley mais cette fois chez les artistes s’exprimant avec l’acrylique, on soulignera les peintures de Tjumpo Tjapanangka (1929 – 2007) : 85 000 € pour un grand format aux teintes solaires et aux motifs très épurés (120 x 295 cm – 2000), ou encore 27 000 € (80 x 120 cm – 2000). Boxer Milner Tjampitjin (1934 – 2008), un artiste au succès un peu exagéré à nos yeux, ne voyait qu’une seule toile sur trois partir ; mais à plus de 20 000 € tout de même (diptyque deux fois 75 x 150 cm – 2002). Enfin, une série de petits formats, 35 x 50 cm, 8 au total, d’un artiste inconnu du grand public, Ngarra (1920 – 2008), offrant un seul intérêt, celui d’avoir été exposé dans une série de musées américains, ne trouvait pas preneur. D’une qualité plastique assez pauvre et estimée autour de 28 000 € on peut être soulagé de la lucidité des acquéreurs potentiels ! Le même phénomène jouait contre les peintures de Janangoo Butcher Cherel (exposées dans les mêmes expositions aux USA). Néanmoins, un petit format (38 x 61 cm !) se vendait à 11 400 € ! Pour les autres pièces majeures, une toile d’Anatjari Tjakamarra (1930 – 1992), l’un des précurseurs était retiré. Son estimation autour de 150 000 € paraissait disproportionnée au rapport de sa qualité esthétique. Les pièces de meilleure qualité partaient. On peut citer les toiles d’Emily Kame Kngwarreye (1910-1996), la plus importante personnalité féminine de ce mouvement : 350 000 € (135 x 300 cm – 1991), 92 000 € et 45 000 € (121 x 151 cm), 35 000 € et 24 000 € (91 x 121 cm) et 71 000 € pour une œuvre linéaire (91 x 151 cm). Seule une de ses toiles ne se vendait pas, pourtant très belle – mais attendue autour de 90 000 €. L’autre artiste attendu était Warlimpirrnga (née vers 1959) avec qui nous avons souvent collaboré. En novembre 2016 il avait surpris avec une peinture vendue 196 000 €, un prix exceptionnellement pour un artiste produisant toujours. Cette année, il confirmait cet intérêt. Même un petit format, de facture moyenne, 46 x 91 cm (2009) dépassait les 9 000 €. Pour les grands formats, il faisait 106 000 € (183 x 244 cm – très beau) et 62 000 € (153 x 183 cm – 2003, beau également et caractéristique de son style). Prince of Wales (1935 – 2002), très peu présent sur le marché européen, atteignait 57 000 € (146 x 183 cm) et 12 500 € (90 x 120 cm) pour des œuvres inspirées des peintures corporelles. Et pour finir quelques résultats en vrac : Ningura (1938 – 2013), 11 000 € (122 x 152 cm), Abie Tjangala (1919- 2002), 5 700 € (prix trop bas pour une très belle peinture et un grand format 120 x 178 cm) et 15 500 € (125 x 195 cm) ; 57 000 € pour un artiste « urbain », très intéressante, de Lin Onus (1948 – 1996) 91 x 121 cm. Le lot de toiles de Tommy Mitchell (1943 – 2013), en provenance de Warakurna, communauté isolée, trouvait preneur autour de 3 000 / 5 000 €. Marc Yvonnou le 18 mars 2018

disparition de Yannima Tommy Watson

disparition de Yannima Tommy Watson

Yannima Tommy Watson nous a quitté il y a quelques jours. Si ce n’est pas une réelle surprise, Tommy était âgé et sa santé fragile depuis des années, c’est toujours difficile de voir ces personnages doublement importants s’en aller. Doublement car ils sont les témoins d’une période qui n’est plus, celle où la vie était rythmées par les pérégrinations dans le désert, les cérémonies, les connaissances du bush acquises au fil des années, la magie du Rêve. Mais ils sont aussi les créateurs d’un mouvement pictural qui mériterait encore plus d’attention tant il offre une rare richesse et une vivacité qui ne s’est pas démentie alors qu’il dure depuis plus de 45 ans dans le Désert Central. J’écrivais il y a quelques années « Tommy est un artiste Pitjantjatjara né vers les années 1930. Pas encore très bien connu du public français, malgré sa participation au projet architectural du Musée du Quai Branly, Tommy Watson est pourtant souvent considéré comme le plus grand artiste aborigène vivant ». « En 2001, Tommy débute sa carrière d’artiste à Irrunytju (Wingellina). C’est un jeune artiste… Il apprend en observant les autres peintres et puise dans les expériences d’une vie longue et dans les connaissances exceptionnelles qu’il a emmagasinées. Mais rapidement il va trouver sa voie, un style radicalement nouveau où la couleur joue un rôle majeur. Très rapidement, l’iconographie aujourd’hui bien connue des artistes de Yuendumu, ou du Désert Occidental, de Balgo ou Lajamanu disparait. Les symboles ne sont plus là. Comme avant lui l’avaient fait Rover Thomas, Emily Kame ou Paddy Bedford, il s’agit d’une vraie révolution artistique. Pour Tommy, il ne s’agit pas de décrire son Rêve (Caterpillar), les itinéraires empruntés par les Ancêtres. Il se concentre sur un site, une histoire, parfois très profane, le souvenir d’une rencontre, d’une partie de chasse, tente de condenser ses souvenirs, les informations dont il est le dépositaire, d’y ajouter une touche poétique, parfois mélancolique, et cela donne une peinture à l’aspect très abstrait. » Peu d’artistes ont su s’extraire ainsi de l’orthodoxie et proposer des choses vraiment très novatrices tout en se mettant au service d’une tradition, d’un amour pour une vaste zone géographique offrant si peu d’intérêt pour un occidental. Son style très coloré, son audace mais surtout le rendu à la fois contemporain, la beauté intemporelle et l’émotion qui se dégagent de ses œuvres, sans oublié le succès acquis de son vivant (acquisitions muséales, récompenses, cote obtenue en vente aux enchères, prix élevé en galerie), font de Tommy l’un des artistes au plus fort potentiel pour l’avenir. Je ne doute pas que le futur saura reconnaître le génie de cet homme.