Exposition : Regard croisé entre l'art aborigène australien et l'art contemporain occidental. Centre d'Art Contemporain de Perpignan du 18 novembre 2023 au 25 février 2024. Des chefs d’œuvre par les grandes figures de la peinture aborigène comme Ronnie Tjampitjinpa, George Tjungurrayi, Dorothy Napangardi, Kathleen petyarre, Judy Watson Napangardi,...
Nouvelle exposition en Suisse, galerie au Temps qui Passe, Genolier, jusqu'au 17 décembre 2023.
Exposition d'une belle collection privée à Noirmoutier, hôtel Jacobsen, centre des patrimoines maritimes. Juillet 2023
Ronnie Tjampitjinpa était le dernier peintre vivant ayant participé à l’émergence de ce mouvement pictural. Même s’il est souvent considéré comme l’un des plus importants peintres abstraits australiens, son travail puise pourtant dans la tradition. Ses peintures frappent par leur force et leur sens de la géométrie. Lorsqu’il peint, il concentre toute son énergie, sa vision, ses connaissances. Le pinceau semble alors se déplacer sans obstacle et même son Rêve d’Eau – qui paraît si complexe – est brossé en un tour de main. Cette géométrie « sauvage » dénote alors une maîtrise du trait que de nombreux artistes occidentaux pourraient envier. Il est celui qui a expérimenté le style le plus dépouillé, et cet aspect très austère et très contemporain est illustré par son Rêve de Feu de Brousse. Parfois, ses toiles mêlent habilement plusieurs thèmes. Le Rêve de Feu de Brousse, tout d’abord, constitué uniquement de lignes parallèles. Bien entendu, aucun élément figuratif n’apparaît, il s’agit d’une peinture symbolique ; d’autant plus qu’apparaissent aussi des symboles associés aux Cycles Tingari, les motifs les plus sacrés et les plus secrets de l’iconographie aborigène. La pérégrination des Ancêtres est symbolisée par des carrés, imbriqués les uns dans les autres. Ces motifs racontent de façon symbolique les voyages des Ancêtres Tingari, qui façonnèrent les reliefs dans le désert et y insufflèrent la vie. Les teintes sourdes rappellent un peu les teintes ocre du désert et des collines de Kintore, la communauté dont il est originaire. Des labyrinthes évoquent ensuite les motifs des peintures corporelles associées au Rêve d’Eau, l’autre thématique emblématique de cet initié considéré comme un « faiseur » de pluie. On ressent aussi ce besoin des artistes de laisser un signe visible, une trace de leurs connaissances. Ronnie est un grand initié. La peinture de Ronnie, c’est tout cela : connaissances tribales, reflet d’une personnalité hors du commun et réflexion sur son art. Car ses peintures qui datent du début des années 1970 ne ressemblent pas à celles produites dans les années 1990. Sa peinture a évolué vers un plus grand dépouillement, l’aspect qui caractérise si bien son style. C’est pourquoi il est si difficile de résumer l’art aborigène. Il ne découle pas d’un seul élément, il est complexe. Ronnie est un chercheur hardi d’effets visuels, de dynamisme mais aussi de pureté. Les volumes réguliers sont organisés dans un espace géométrique. Les carrés imbriqués flottent dans l’espace du tableau et semblent se multiplier telles des cellules vivantes. Une grande retrospective lui est consacrée à l’Art Gallery of New South Wales, le plus important musée australien, en 2015. En janvier 2020, alors qu'il ne peint plus, à New York, chez Sotheby's une de ses toiles est vendue 220 000 € (152 x 182 cm). Il meurt le 21 juin 2023 alors qu'il était en maison de retraite depuis quelques années.